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bande annonce

un film de Stéphan Balay

Vitis

prohibita

le retour des cépages résistants

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UN LONG MÉTRAGE DOCUMENTAIRE INÉDIT

SUR LES VINS INTERDITS

ET LES CÉPAGES RÉSISTANTS

 

 

Cela pourrait être une légende mais c’est l’histoire bien réelle d’une tentative d’assassinat réglementaire, la mise au ban d’une poignée de cépages déclassés, des vins interdits, accusés de tous les maux, rendus coupables d’avoir mauvais goût et incriminés de rendre fou.

 

Leur crime ? Résister aux maladies, être naturellement adaptés aux changements climatiques et s’affranchir des pesticides et autres produits qui inondent la viticulture moderne.

 

Bravant une législation extrêmement hostile et en dépit de la très mauvaise réputation de ces cépages, des paysans rebelles, convaincus de leurs vraies valeurs, n’ont cessé de cultiver les interdits.

 

Les cépages résistants n’ont pas dit leur dernier mot.

 

Le film propose une immersion en France, Italie, Autriche, Roumanie et aux États-Unis, afin de comprendre  pourquoi ils sont une solution d’avenir pour une viticulture responsable et respectueuse de l’environnement et comment ils font désormais partie du patrimoine rural en de très nombreux endroits dans le monde.

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la malédiction

la malédiction

Tout commence au XIXe siècle quand l’importation en Europe de vignes exotiques intéresse particulièrement les botanistes et les aristocrates. Le savant suédois Linné, appelle la vigne européenne Vitis vinifera parce qu’elle fait du vin et la vigne sauvage américaine Vitis labrusca. Le jardin botanique de Montpellier dirigé par Augustin Pyrame de Candolle le fait venir avec ses plants et c’est ainsi que certains cépages américains, comme l’Isabelle, arrivent sur notre continent.

 

Mais cette Isabelle ne vient pas seule, elle est accompagnée de deux parasites : l’oïdium (un champignon) et le phylloxéra (un insecte). Le premier détruit une partie du vignoble français en 1854 (suit une grosse crise avec seulement 10 millions d’hectolitres produits) et le second ravage la quasi-totalité du vignoble européen dans les années 1880.

 

Ainsi le phylloxera, découvert par le botaniste montpelliérain Jules-Émile Planchon, arrive près de l’étang de Roquemaure au domaine de Manissy à Tavel. Toutes les maladies américaines, même le black rot qui a été découvert à Ganges dans l’Hérault, sont la conséquence des vignes américaines. Et pourtant l’Isabelle, le Clinton et les autres cépages « criminels » sont aussi les sauveurs : on va les utiliser car ils sont en réalité porteurs sains.

 

 

 

présence du phylloxera en France en 1882

présence du phylloxera en France en 1882

La reconstruction du vignoble va prendre un certain temps. Le vin est rare et cher. Pendant longtemps on a privilégié la quantité avant la qualité. La France sort d’une période de grande restriction et des milliers de tonnes de raisin sec ont été importés de Turquie pour fabriquer un ersatz de vin.

 

À cette époque se développe parallèlement la filière du greffage et la filière du plan direct. Les plans directs étant des plans hybridés à partir de vignes européennes, de vignes sauvages américaines voire de vignes russes. Pendant longtemps les deux filières vont cohabiter.

 

La vigne Vitis vinifera cultivée sur le pourtour méditerranéen depuis plusieurs millénaires était franche de pied, c'est-à-dire non greffée. Suite au phylloxera et après de nombreux essais de traitements, aussi coûteux qu'infructueux, une solution pour sauver les vignes européennes fut le greffage sur vigne américaine tolérante. Les premières tentatives sur des vignes américaines aboutissent à des succès mitigés selon le sol. Aujourd'hui, les porte-greffes sont des hybrides entre les vignes américaines et la vigne européenne, combinant la résistance au phylloxera des unes à la tolérance au calcaire de l'autre.

phylloxera
phylloxera

phylloxéra

Voyant que les cépages américains résistent aux maladies, les petits paysans qui ne sont pas viticulteurs plantent ces vignes faciles à cultiver. Ils produisent un vin naturel sans traitement chimique et dont ils aiment bien le goût. Les cépages se développent tout seuls et font des vins qui ne sont pas trop mal réussis. Ce sont des vins écologiques avant l’heure.

 

Mais ne pas traiter les vignes est mal accepté par les grands groupes industriels. Avant on ne mettait que des choses simples dans les vignes, comme de la chaux, mais l’arrivée du phylloxera, du mildiou etc. a lancé une industrie chimique qui prend rapidement une très grande importance. Les industriels sont choqués de voir que ces vignes subissent peu les maladies et qu’en plus on ne les traite pas. C’est inadmissible. Il faut supprimer ça, il faut pouvoir vendre des produits chimiques.

 

Beaucoup de vignerons ruinés sont partis dans les départements français d’Algérie créer un nouveau vignoble. En 1934, avec l’essor des produits phytosanitaires, la production française plus celle de l’Algérie française et les stocks existant dépassent les 100 millions d’hectolitres. Le gouvernement veut alors assainir le marché.

 

Emile Cassez, ministre de l’Agriculture, propose de supprimer certains cépages. Le vote se déroule le 24 décembre, veille de Noël, autant dire que les députés sont pressés de partir… L’Isabelle est donc choisi en premier, puis viennent tous les croisements issus de vignes américaines : Noah, Othello et Clinton. Ce choix confirme ainsi la pensée de Freddy Couderc : « la pression des entreprises de produits chimiques est réelle car l’Aramon qui offre un énorme rendement mais a besoin de beaucoup de traitements chimiques n’a pas été interdit ». Et pour appuyer leurs décisions, les députés affirment que les vins issus de ces cépages rendent « fous et aveugles ». Leur production de méthanol serait trop élevée. Légende, rumeur, ou vérité, quoiqu’il en soit, ils sont interdits.

 

Deux cépages sont ajoutés par manœuvre politique : le Jacquez, très présent dans le département d’Édouard Daladier, et l’Herbemont ajouté par l’opposition pour toucher le ministre de l’intérieur originaire de Toulouse.

 

arrachez vos cépages prohibés

communication de l'État sur papier buvard

Les français doivent déclarer, volontairement et sur l’honneur, leur production et arracher les cépages prohibés. On estime à plus de 3 millions d’hectolitres la production de cépages interdits, soit 60 000 hectares, en 1934, puis 2 millions en 1938 et 220 000 en 1945. Les politiques se félicitent de leur réussite et de la bonne foi des français… jusqu’au choc de 1953 lorsqu’un cadastre est organisé. Résultat : plus de 60 000 hectares de cépages interdits sont recensés. Rien n’a été arraché depuis 1934 ! En réalité, outre la production personnelle, ces vins étaient vendus au marché noir pendant l’Occupation car, en cette période de restriction, l’essentiel était de boire et manger.

 

Au début des années 60, un certain Valéry Giscard d’Estaing, ministre des Finances, incite à l’arrachement avec une prime de 150 000 Francs (22 000 €). Mais son Inspecteur des Finances met le feu aux poudres dans une publication qui menace les agriculteurs de sanctions, et qui accuse ces cépages « reliques du passé » de produire du mauvais vin. Les religieux catholiques s’insurgent et y voient une attaque du gouvernement contre l’Eglise et refusent d’arracher.


Et pire encore, ils brûlent la voiture du responsable régional de l'Institut des Vins de Consommation Courante et le séquestrent. Un coup de téléphone est passé au préfet pour lui affirmer que ce sénateur doit quitter la région s’il veut le revoir vivant ! Il est alors relâché. Il choisira ensuite le poste moins risqué de sommelier de la Tour d’Argent. Finalement Valéry Giscard d’Estaing augmente l’amende à 300 000 francs (45 000 €), et la majorité des cépages interdits est arrachée… ou presque.

ailleurs

ailleurs

Si l’interdiction trouve son origine en France, l’Union Européenne a étendu les restrictions dans l’ensemble les pays membres. L’Italie, l’Autriche et les autres pays producteurs de vins sont soumis aux mêmes restrictions.

 

En adhérant à l'Union Européenne en 2007, la Roumanie s'est engagée à renoncer aux cépages qui n'appartiennent pas à l'espèce Vitis vinifera ou qui ne proviennent pas de croisements contenant du Vitis vinifera. Ainsi, la moitié des vignes de la Roumanie a perdu le droit de commercialisation, une perte de potentiel pour ce pays qui fait face à un véritable exode de sa population en quête d’une vie meilleure dans d’autres pays de l’Union Européenne.

 

En Autriche un moyen pour contourner la législation a été trouvé. Les vins issus des cépages interdits sont dénommés « vins de fruits ». Un pied de nez qui perdure toujours.

En Italie on trouve beaucoup de Clinton dans la région de Trévise. Malgré la tolérance de la législation sur la production familiale, le Clinton italien fait face à un véritable tabou en particulier autour des fêtes de villages qui célèbrent ce cépage et sont censurées par les autorités.

Aux États-Unis, hormis la période de prohibition qui a concerné l'ensemble des produits alcoolisés, ces cépages ont toujours été cultivés et consommés. Leur résistance est particulièrement adaptée aux terroirs et climat de certaines régions, alors que les cépages "vinifera" le sont beaucoup moins. Dans l'État de New-York se trouve la "Concord Belt", plus grande zone de culture de raisin Concord au monde. Cela représente un poids non négligeable en terme d'emplois et d'économie.

aujourd'hui

aujourd'hui

L’interdiction, censée être réévaluée tous les 3 ans, continue toujours 80 ans plus tard. Mais sur le marché des Vans en Ardèche on vend le vin, dans toutes les réceptions officielles des deux vallées on boit du Clinton, on fait même de l’eau de vie de Clinton, de la Carthagène de Clinton. Tout le monde le sait et ça ne pose aucun problème.

Aujourd’hui les associations demandent une révision de l’interdiction et qu’on puisse recommencer à planter ces cépages interdits. Mais y-a-t-il une place dans la culture et dans le goût français pour ces vins là ?

Freddy Couderc considère que l’histoire de la relation au vin est particulière. Au moment du phylloxera, le vin était assimilé à de la nourriture. Un mineur de fond buvait 5 à 7 litres de vin par jour. Il donnait la force à un homme pour pouvoir travailler. Aujourd’hui nous en sommes au vin plaisir. Et c’est justement dans ces vins plaisirs que ces cépages ont une grande place.


Pour Hervé Garnier les mentalités ont largement évolué, et dans la profession, et dans le public. Aujourd’hui on trouve de plus en plus de vins dits « naturels », et on pousse encore le bouchon plus loin, on commence à ne plus utiliser de sulfites pour la conservation des vins. C’est possible, c’est plus délicat, ça peut produire des vins un peu particuliers mais on en trouve chez la majorité des cavistes. Le vin naturel est en pleine expansion. C’est le début d’un phénomène qui ne devrait pas faiblir.

Le nombre de produits phytosanitaires utilisés est phénoménal, on est arrivé à des molécules pénétrantes, qui entrent à l’intérieur des plantes. Ça pose de réels problèmes sanitaires. À long terme il n’est pas possible de mettre indéfiniment des produits sur tous les sols. L’avenir est aux vignes qui ont une meilleure résistance naturelle aux maladies.  

L’Isabelle est devenu le principal cépage de l’Inde, sous le nom de Bangalore. Il se trouve également en Géorgie, en Uruguay, en Colombie, au Brésil. Il résiste au froid, jusqu’à -30° comme en Corée. En Italie certains en ont fait du parfum. Au Canada, on trouve le Concord qui résiste aussi au froid. Là-bas la vigne Vitis vinifera ne tient pas, elle meurt. Au Brésil on plante également l’Herbemont. Quant au Jacquez, il est le cépage principal du brandy au Texas, vin sucré idéal pour le dessert, avec un cigare. Pourquoi un tel renouveau ? Pour la même raison qu’ils ont été populaires en France au XIXe siècle: leur résistance.

La malédiction semble terminée et se profile un retour progressif de ces bannis. C’est ce que laisse entendre l’association Fruits Oubliés malgré un conflit de réglementations. Le décret français de 1934 qui interdisait ces cépages a été abrogé le 6 septembre 2003. Mais l’interdiction reste cependant au niveau européen : en théorie, depuis 1999, le règlement général communautaire autorise le vin Vitis vinifera croisé avec d’autres espèces du genre Vitis, le Jacquez, l’Herbemont (Vitis labrusca) ou d’autres Vitis, à priori tout est possible. Malheureusement il est écrit « excepté les interdits de 1934 » sans aucun justificatif.

L’association des « Fruits Oubliés » a organisé à Bruxelles le 26 avril 2016 une dégustation de vins interdits de plusieurs pays avec les deux députés européens Éric Andrieu, José Bové, le président de la Commission Agricole du parlement européen (le polonais Czeslaw Adam Siekierski), ainsi que Klaus Rapf (Arche Noah – Autriche) et Franco Zambon (Italie). Après la dégustation les édiles ont promis de les soutenir avec encore plus de vigueur.

José Bové

José Bové (à gauche)

Les militants veulent casser la légende : ces cépages ne rendent pas fous ! Hervé Garnier, de l’association « Mémoire de la Vigne » cultive un vignoble centenaire de Jacquez. Seuls les membres de cette association peuvent savourer ce vin. Sont-ils devenus fous ? « Nous avons réalisé des analyses extrêmement pointues sur le vin, et le résumé de l’analyse est très simple : "rien de dangereux dans votre pinard, à part les rares molécules de désherbants" utilisés par les anciens propriétaires ». Gilbert Bischeri, lui, conserve le rapport de thèse d'une étudiante en pharmacie intitulée « Le Noah, le vin qui rendait fou », dans laquelle elle démontre le contraire.

 

De même, à la demande du Parc Naturel Régional des Monts d’Ardèche, une étude a conclu que « le vin issu de Jacquez contient donc un taux de méthanol comparable à celui que l’on peut trouver dans les vins issus de merlot, cabernet, syrah ou sauvignon, et n’est donc pas plus dangereux pour la santé, au contraire son taux de resvératrol est très élevé ». Or le resvératrol est bénéfique pour la santé…

vin rosé biologique

rencontres des cépages cévenols

demain

demain

Les militants de l’association "Fruits Oubliés" ont été reçus au ministère de l'agriculture le 12 avril 2016. Lors de cet entretien le représentant du ministre a indiqué qu'il n'y avait quasiment plus de problèmes sur ces cépages (en particulier sur la partie sanitaire) et que des dispositions permettaient d'en cultiver. Il a indiqué qu’une réponse aux doléances serait donnée, ce qui n’a pas été fait. Ainsi, sans ce document et conformément à la législation en vigueur (qui prévoit un délai de deux mois à l’administration pour répondre) les dispositions énoncées lors de ce rendez-vous sont devenues définitives.

 

Une bataille aurait donc été gagnée :  celle de ne plus être inquiété, dans les zones de culture traditionnelle, au motif de planter, cultiver, céder des plants de cépages interdits, de consommer, d'offrir, de vendre, des produits issus de ces vignes, en tout cas sans crainte de poursuites devant une juridiction répressive.

 

Cependant, si de jeunes vignerons sont déjà prêts à commercialiser des vins élaborés avec ces cépages, la réglementation, elle, reste ambigüe. Les lois ont été modifiées mais des restrictions demeurent : celles des autorisations de plantations et aides que les pouvoirs publics ou organismes de droit public peuvent refuser. Les candidats à la culture des cépages interdits voient leurs demandes refusées. Des procédures existent pour obtenir satisfaction mais les effets de la prohibition retardent encore une culture sans entraves.

 

Mais peu à peu le combat semble porter ses fruits et la lutte continue : des repas accompagnés de vins interdits sont relayés dans la presse locale et une rencontre internationale des cépages interdits est en préparation .

 

Les passionnés-résistants ne perdent pas espoir et savent que bientôt, sur les tables, Clinton, Isabelle, Jacquez, Othello, Herbemont et Noah n’auront plus à rougir ni se cacher.

de nouveaux cépages résistants pour une viticulture sans pesticides

Conscients des limites de l’agriculture biologique traditionnelle, François et Vincent PUGIBET du Domaine La Colombette à Béziers ont opté pour une voie originale, celle des cépages résistants. Issus de croisements multiples entre des variétés traditionnelles et des vignes plus rustiques, voire sauvages, ces nouveaux cépages sont naturellement résistants à l’oïdium et au mildiou. Le vignoble ainsi constitué ne nécessite plus aucun pesticide.


Après quelques années d’expérimentation, cette idée a priori utopique est devenue réalité. Plusieurs dizaines d’hectares du domaine, plantés avec ces nouveaux cépages  hybrides n’ont reçu aucun pesticide depuis 6 ans : ni soufre, ni cuivre, ni poudre de perlimpinpin RIEN !

Des vignerons de toutes les régions de France impliqués dans la plantation de cépages résistants, ont décidé de créer l’association PIWI France. Outre l’échange d’expérience, la promotion des vins, et la formation, le but est de peser sur les décisions règlementaires. Pour amplifier ces objectifs, l’association est évidemment reliée à PIWI international qui œuvre aujourd’hui avec succès dans les autres pays européens notamment l’Allemagne et l’Autriche.

 

nouveaux cépages résistants

la réglementation française en 2020

Inscription des variétés


En France, pour pouvoir produire et commercialiser du vin à partir d’un cépage il faut que celui-ci réponde à deux conditions : être inscrit au catalogue officiel et être classé en tant que variété de vigne à raisins de cuve.

 

Si les tous premiers classements définitifs de cépages résistants ont eu lieu en 2017, certains cépages ne bénéficient que d’un classement temporaire, même s’ils sont parfois inscrits dans le catalogue de leur pays d’obtention. Il est alors possible de planter des parcelles expérimentales, sur des surfaces limitées.


Peut-on faire de l’AOC avec ces nouveaux cépages ?

Pour l’instant la réponse est clairement non. En temps normal, pour qu’un cépage soit inscrit dans le cahier des charges d’une AOC il faut – outre son classement et inscription au catalogue – monter un dossier de modification du cahier des charges auprès de l’INAO. Chaque modification majeure doit être précédée d’études et d’expérimentations avec le cépage en question pendant une dizaine d’années dans la zone AOC avant de pouvoir éventuellement être inclus en tant que cépage accessoire, avec une part dans les assemblages ne dépassant pas 10%. Toute nouvelle introduction ne peut se faire que si elle maintient ou réaffirme la typicité de l’AOC et son lien au terroir.

 

Cependant, un frein législatif s’oppose à l’arrivée des cépages résistants en AOP : la réglementation européenne interdit la prise en compte des variétés Issues de croisements interspécifiques (Règlement (UE) n°1308/2013), ce qui est le cas des cépages résistants (obtenus par croisements entre des Vitis vinifera et d’autres espèces). Cela ne s’applique pas aux IGP qui peuvent introduire des cépages issus de croisements interspécifiques dans leurs cahiers des charges.


source : www.observatoire-cepages-resistants.fr

Les 35 cépages résistants autorisés en France

  • 4 développés en France par l’Inra à partir du programme Resdur 1 : Vidoc (N), Artaban (N), Floréal (B) et Voltis (B).

  • 13 développés à l’étranger : Bronner (B), Cabernet Blanc (B), Cabernet Cortis (N), Johanniter (B), Monarch (N), Muscaris (B), Pinotin (N), Prior (N), Saphira (B), Sauvignac (B), Solaris (B), Soreli (B), Souvignier Gris (Rs).

  • 18 anciens hybrides franco-américains : Baco Blanc (B), Chambourcin (N), Colobel (N), Couderc Noir (N), Florental (N), Garonnet (N), Landal (N), Léon Millot (N), Maréchal Foch (N), Oberlin Noir (N), Plantet (N), Ravat Blanc (B), Rayon d’Or (B), Rubilande (RS), Valérien (B), Varousset (N), Villard Blanc (B), Villard Noir (N).

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note d'intention

note d'intention du réalisateur

Ma famille ayant des attaches dans un petit hameau gardois du parc national des Cévennes, j’ai souvent vu une bouteille de Clinton sur la table lors de repas entre amis. Mon père, un brin provocateur, adore étonner ses invités en leur faisant déguster ce vin interdit dont lui seul sait où se le procurer. Depuis quelques années la vente “clandestine” tend à disparaître, devenant au contraire objet de revendications. Revendication contre notre société aux goûts formatés, revendication pour une agriculture respectueuse de l’environnement, revendication de faire tomber une prohibition imposée par des vielles lois infondées, injustes et obsolètes.


En Occitanie, mais aussi chez nos voisins italiens, autrichiens et ailleurs, des associations se forment, les militants se regroupent et font du bruit. Si bien qu’aujourd’hui des livres, des revues spécialisées, articles de presse, reportages télévisés, blogs et autres formes de média s’intéressent de près à la vaste problématique et aux enjeux qui se trament derrière ce sujet. Mais à ma connaissance aucun film n’a encore été fait sur les cépages interdits, aucun documentaire proposant une vision d’ensemble, documentée et au cœur du sujet n’a encore été réalisé.


C’est ce film que j’ai voulu faire, en donnant la parole aux anciens qui ont perpétué la tradition du vin de treille, aux jeunes qui ont une vision plus structurée du potentiel d’exploitation de ces vins en termes d’emplois et de retombées économiques, aux militants passionnés qui sont de fins connaisseurs de ces plantes (des viticulteurs « classiques » n’ont peut-être pas autant de savoir-faire autour de ces vignes particulières, malgré ou peut-être à cause de leur parcours professionnel) .


En préparant l’écriture de ce film j’ai rapidement pris contact avec les personnes les plus proches du sujet, avec d’un côté des anciens qui font encore leur vin et des jeunes viticulteurs amateurs et passionnés qui se sont regroupés en associations pour défendre ces cépages presque oubliés, et de l’autre, des chercheurs et des auteurs de publications de référence à l’instar de Pierre Galet, éminent ampélographe montpelliérain qui a voué sa vie à l’étude et l’enseignement de la vigne et qui, encore aujourd’hui à 96 ans, continue de publier des ouvrages de référence.

Lac Érie État de New-York USA

prises de vues aux Etats-Unis

Et puis, je ne pouvais pas ignorer le terroir d’origine de ces cépages hybrides, les États-Unis et en particulier l’État de New-York. Un grand nombre de cépages indigènes y sont toujours cultivés mais également des cépages hybrides français, qui ont fait l’aller-retour entre l’ancien et le nouveau monde. Lucie Morton, vigneronne consultante renommée et ancienne élève de Pierre Galet, témoigne de l’étroite collaboration entre chercheurs américains et scientifiques français ayant permis de sauver non seulement les vignobles européens mais aussi les vignobles Californiens eux aussi atteints de phylloxéra.


Lorsqu’on s’intéresse au sujet des cépages interdits et résistants on se rend compte qu’il embrasse une large palette de thématiques intrinsèquement liées :


C’est d’abord un récit historique passionnant sur la manière dont ces cépages ont conquis le cœur des botanistes et sont arrivés en France, puis ont fini par provoquer les désastres et les crises viticoles des fin XIXème et début du XXè siècle. C’est une formidable leçon sur les débuts et les premiers impacts de la mondialisation qui nous submerge aujourd’hui.


C’est ensuite le scénario d’une bataille politique et juridique, celle de David contre Goliath, et dont le point final n’est pas encore posé.

 

C’est aussi un regard sur notre société de consommation dont le secteur viticole semble complètement standardisé et formaté par les industriels à grand coup de marketing. Une histoire du Goût qui n’a pas fini de surprendre et d’évoluer.


C’est encore un débat d’idées et de témoignages en faveur d’une agriculture en meilleure harmonie avec le terroir et les consommateurs.


C’est également le portrait sociétal d’une région : les Cévennes et ses paysans prolétaires qui descendaient à la mine avec leurs bouteilles de Clinton, mais aussi des nouveaux paysans qui proposent une façon alternative de travailler la terre, une autre manière d’envisager l’emploi et l’économie.


Stéphan Balay

L'association Fruits Oubliés Réseau

et IGP Vins des Cévennes

soutiennent le film

Fruits Oubliés Réseau
IGP Cévenes

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